Mon programme au Salon du livre de Paris!

Superbe programme, cette année encore. Je serai dimanche à 18h sur le stand de la Roumanie (G85), pour évoquer la traduction du livre de Savatie Bastovoi, en sa compagnie, lors d’une table ronde présentée par Cristina Hermeziu (son site Zoom France Roumanie). La présence de ce romancier est rare et il est d’une rare présence. Il fait le voyage, invité par l’Institut culturel roumain (leur programme complet en français en cliquant ici). A ne pas rater.

Je savoure à l’avance le privilège de traduire ce qu’il va dire et de répondre aux questions sur la traduction de son roman, Les enseignements d’une ex-prostituée à son fils handicapé, paru chez Jacqueline Chambon / Actes sud en janvier.

Juste avant, à 17h, nous serons sur le stand d’Actes Sud où l’auteur assurera une séance de signatures: venez nombreux pour obtenir une dédicace! Je serai là aussi parce que l’auteur n’est pas francophone, si bien que j’assure l’interprétariat… A moins que vous ne parliez roumain ou russe? 

Savatie Bastovoi arrivera à Paris samedi et repartira lundi en début d’après-midi, alors, pour le rencontrer, c’est dans ce créneau!

Mais aller au Salon du livre, c’est aussi retrouver ma petite sœur, Florence Hinckel (son site), sur le stand de l’ARL PACA (K18), où elle participe à une table ronde sur le monde vu par les ados. Nathan s’apprête à lancer le tome 3 de son Grand Saut (c’est pour le mois de mai, je crois)!

Je passerai aussi du temps avec mes éditeurs, Jacqueline Chambon, qui publie si régulièrement mes traductions, sur le stand Actes Sud.

J’irai voir aussi David Bosc, l’excellent éditeur de Noir sur Blanc… Car, oui, en effet, j’ai une très belle traduction en cours pour cette maison (j’ai déjà travaillé pour cette maison (voir ici le très beau livre édité il y a quelques années et dans lequel figurent plusieurs de mes traductions )… Mais chut, j’en dirai plus bientôt, au sujet de cette importante traduction en cours…

J’irai voir l’éditrice Olimpia Verger, sur le stand des éditions des Syrtes, où cette année j’irai embrasser mon ami Philippe Loubière qui signe pour cette maison la traduction du roman de Tatiana Tibuleac, L’Eté où maman a eu les yeux verts; je ferai un saut pour faire une bise à Fanny Chartres qui, de traductrice est devenue romancière pour la jeunesse et qui dédicace Strada Zambila, sur le stand de l’Ecole des loisirs… 

Mais je vais aussi retrouver mon amie Viviane Moore (son site), qui dédicace sur le stand de 10/18. Son dernier livre, Le Souffleur de cendres, qui vient clore une trilogie sur l’alchimie est très beau et m’a beaucoup plu… Elle a d’autres livres en préparation, cette romancière prolifique : passez lui demander ce qu’elle prépare!

Sinon, eh bien n’hésitez pas à naviguer dans l’univers littéraire de mes traductions, via l’onglet situé tout en haut de l’écran…

A bientôt ici pour découvrir d’autres projets, car cela fourmille: des traductions, des photos, des écrits personnels… 

 

 

 

Ma nouvelle traduction est sortie: un roman de Savatie Bastovoi!

Je partage le bonheur d’une nouvelle traduction avec vous, chers lecteurs de ce blog, et quelques réflexions : un grand sujet de société peut inspirer plusieurs romanciers en quelques années seulement. Cela dit quelque chose sur la puissance du thème traité… Dans le roman de Savatie Bastovoi, Les enseignement d’une ex-prostituée à son fils handicapé, c’est le drame des enfants moldaves (comme ceux aussi de Roumanie, Pologne, Ukraine…) « confiés » à des grands-parents ou à des connaissances par leurs père et mère partis travailler à l’étranger ( en Russie, en France, en Allemagne, en Italie). Ils sont en réalité abandonnés à eux-mêmes.

Ainsi, au moins trois autres romans ont été publiés en roumain ces dernières années autour de ce sujet : Kinderland, de Liliana Corobca, La petite fille qui jouait au bon Dieu, de Dan Lungu et Le testament non lu, de Liliana Bicec (un récit de vie plus qu’un roman, mais qui vous tire des larmes).

Savatie Baștovoi s’appuie sur le journal d’une mère déchirée par l’abandon de son fils (on trouve une page reproduite dans le livre). Il trace aussi, dans ce roman court, la trajectoire du duo à la puissance quasi mythologique de deux ados, Karlic et Sérioja, qui pourraient ne former qu’un seul corps: l’un en est la tête et l’autre les membres.

Dur, sans concession, violent parfois, ce roman révèle aussi la blessure que l’écrivain porte dans son cœur, lui qui aime son pays et en décrit les travers. Une traduction qui m’a poussée à explorer l’argot roumano-russe des truands moscovites, mais aussi à retrouver l’intensité poétique de l’écriture du moine moldave – pas un mot de trop, pas de longueurs.

Il porte la plume dans la plaie.

Les enseignements d’une ex-prostituée à son fils handicapé, éditions Jacqueline Chambon, est sorti le 10 janvier 2018.

Retrouvez aussi la nouvelle présentation de tous mes travaux à partir de l’onglet {mes traductions}. Vous trouverez à la page de ce livre quelques extraits des articles de presse parus depuis un mois. N’hésitez pas à laisser des commentaires ici!

Hôtel Universal vient de paraître!

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Hôtel Universal est ma 15e traduction d’un roman, le 17e livre ! J’atteindrai une sorte de majorité avec la sortie, l’an prochain, de la traduction en cours! Merci, les éditions Belfond qui ont choisi de publier ce premier roman! Pour celles et ceux qui souhaitent un avis extérieur, il y a déjà la critique sensible de Cristina Hermeziu, parue sur Actualitté, ici. Véronique Rossignol, pour Livre Hebdo le présente en quelques mots : «… largement salué à sa sortie en 2012, [ce roman] avance à la manière des souvenirs reconstitués, par recoupements de témoignages pour recréer une réalité insaisissable, une mémoire des lieux trouée et parcellaire. Dans le parfum capiteux des pétales de roses confits, l’odeur des secrets, Hôtel Universal magnifie les destins d’une lignée de femmes fortes, guérisseuses chacune à sa façon, un peu sorcières, des héroïnes « merveilleuses », c’est-à-dire, selon la définition de Maria la grande, »sensibles au merveilleux ».»

Entre roses et chocolats, oui, c’est l’histoire de trois générations de femmes que nous raconte Simona Sora. Toutes ont un lien avec l’Hôtel Universal, un vieil hôtel situé dans le centre de Bucarest. Cet été, je suis allée y faire une sorte de pèlerinage (on peut lire ça ici). J’ai vu les portes verrouillées, ce qui rend cet endroit encore plus mystérieux. L’héroïne du roman s’appelle Maia, et « quand elle posa pour la première fois la main sur la barre de la porte vitrée de l’entrée principale et franchit le perron de marbre rouge, large et incrusté de pierres blanches qui formaient les lettres HU, elle sentit que les années d’échecs, d’humiliations, de peur et de colère rentrée qui pesaient sur son thymus allaient enfin se dissoudre » écrit Simona Sora. Elle a quelque chose d’étrange, cette jeune femme qui vient faire ses études à Bucarest en pleine révolution roumaine de 1989. Elle n’est pas très à l’aise, elle renvoie une image hermétique mais ça ne l’empêche pas d’être acceptée dans une bande d’étudiants aux caractères très marqués, ce qui donne des scènes très hautes en couleurs, placées dans les bars et les cafés autour de l’Université. Dans le passage que j’ai cité, on sent bien qu’elle porte quelque chose de très lourd et qui, peut-être, traverse les générations. Je n’en fais pas un secret : la personne très belle et porteuse de magie, c’est la grand-mère de Maia. C’est son récit qu’on lit dans une grande partie du livre. C’est sa voix qu’on entend. Simona Sora l’a formidablement restituée. C’est par cette voix qu’on a accès aux temps reculés de la guerre de Crimée, au milieu du 19e siècle. La grand-mère chargée de dons ultra-sensoriels parle à sa petite-fille tout en cuisant la confiture de rose. La scène se répète, des années durant, la fillette grandit, l’histoire racontée s’enrichit, s’approfondit. Le personnage de Rada, l’aieulle fondatrice de cette lignée de femme apparaît grâce à celui que la grand-mère conteuse surnomme avec hauteur « Le Cuistot », Vasile Capşa. Grâce à son récit, on suit l’homme doté de papilles d’une finesse exceptionnelle dans ses voyages de commerce, hasardeux, à cette époque lointaine, et qui le mènent en Crimée et jusque sur les rives du Bosphore. Il deviendra chocolatier, mais pour que la lignée se forme, il a fallu une rencontre avec Rada. C’est à moitié mort, qu’il a échoué sur le seuil de sa maison, en Bulgarie. Elle le sauve. Je vous fais cadeau de ce petit passage sur Rada : « Les bouillons qu’elle préparait pour soigner les jaunisses, la chute des cheveux, les maladies de cœur et les bubons noirs l’auraient rendue riche partout ailleurs qu’à Topoli, mais sa grande fierté, elle la tirait de la meilleure confiture de roses primeurs de la rive bulgare de la mer Noire, une confiture peu réduite, dans beaucoup de sirop, comme on fait nous aussi et que mangeaient tous les voyageurs de passage et tous les voisins et dont Capşa a senti le parfum si fort, une nuit qu’il a cru être en plein champ. Enivré de valériane dissoute dans de l’or, il s’est pourtant levé ou a cru le faire et, regardant dehors, il a vu en pleine nuit les champs infinis de rosiers rouges étinceler dans une lumière aveuglante sur la toile violette du ciel. C’était le ciel de Sébastopol sous lequel Costache et lui étaient peut-être morts et, à présent, dans la maison bleue de Niculae, ils n’étaient plus qu’une vapeur de roses cueillies, lavées et cuites à feu vif avec du sucre. »

Je vais m’arrêter là dans le dévoilement, ce serait dommage de tout vous dire de ce roman où l’on a, aussi, une enquête criminelle (aïe, ça y est, je l’ai dit !!).

Ce que je voudrais partager, c’est une interrogation. J’aimerais beaucoup que Simona Sora nous raconte (lors d’une rencontre prochaine avec ses lecteurs, peut-être ?) ce qui l’a amenée à choisir les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola pour ses titres de chapitres. Comme de juste, je me suis plongée dans ce texte pour les besoins de la traduction, et j’en garde un souvenir lumineux. La table des chapitres est ainsi un livre à elle seule, une échelle des mystères, un monde à découvrir :

« Composition de lieu », « Je lui demanderai la grâce », « Règle pour le discernement des esprits », « Médication des cinq sens », « Contemplation pour parvenir à l’amour », « Prélude pour un choix », « Règles de tempérance », « Recomposition du lieu. Contemplation et méditation des choses visibles et invisibles »….

Mais ce que l’on peut faire, en attendant de rencontrer Simona Sora, c’est, par exemple, ouvrir son roman à la page 28 et méditer cette première phrase du chapitre Règle pour le discernement des esprits:   « On ne sait jamais sur qui on peut tomber au creux du sommeil ou lorsque l’on a perdu conscience. » 

Mais c’est quoi, la littérature roumaine, aujourd’hui? (2014-2015)

On me pose souvent les questions suivantes à propos de mon métier : « de la littérature roumaine? Il y a quoi comme auteurs là-bas? », ou « C’est un pays où ils écrivent en alphabet russe, non? » ou tout simplement : « Mais pourquoi je n’ai aucun nom d’auteur roumain en tête? »

Voilà pourquoi je fais régulièrement l’inventaire de toutes les traductions qui paraissent en français et que mes collègues, les autres traducteurs de littérature roumaine et moi-même nous efforçons de faire connaître. Read More

Mais c’est quoi, la littérature roumaine, aujourd’hui? (2012 – 2014)

La suite de ce passage en revue des traductions publiées par tous les traducteurs de roumain en France.