Aux martinets, les traducteurs reconnaissants


Il y a des moments où je sens qu’il est urgent d’écrire ici. Je suis une adepte du slow-blog et ne me sens pas contrainte de rajouter des mots sous un nouveau titre juste pour biffer une date dans le calendrier d’activité du site…  Mais aujourd’hui, un bon article lu ailleurs me tend la perche, me chuchote  “tiens, tu n’es pas la seule à penser comme ça”.
Claro a mis sur son site, sous le titre « A l’ombre des traducteurs en pleurs », un texte très intéressant, à lire en cliquant ici. Il identifie d’abord trois sortes de traducteurs littéraires classés selon leur humilité/ professionnalisme / sens des réalités lors de l’édition / fabrication de leur traduction. En bref, il y a les arrogants, puis les « adeptes du doute » qui sont réalistes, et ceux qui sont un peu des je-m’en-foutistes (mais il ne leur jette pas la pierre – et moi non plus).La lecture de son article a soulevé en moi tant de réflexions que je vais avoir du mal à organiser ce billet pour qu’il n’ait pas l’air d’une paraphrase ni d’une réponse point par point. Mais je me suis installée sur la terrasse encore très chaude sous les doigts de pieds, j’écoute les martinets, je vois la voisine ouvrir sa porte d’entrée pour faire entrer un peu d’air frais dans sa maison, et je m’y mets.

Oui, Claro a mille fois raison de dire clairement ça :

« Quand un traducteur peut-il dire que sa traduction est achevée? La seule réponse valable semble être: quand l’éditeur la lui arrache doucement des mains et signe le bon à tirer. BAT! En effet, même achevée, la traduction qu’il a rendue va être soumise à relecture. Divers lecteurs vont repasser derrière lui, afin de signaler les « problèmes ». Or les problèmes peuvent être nombreux et de nature variée. Il peut s’agit d’incohérence, de faux sens, d’un oubli, d’une formulation peu claire, d’un doute sur l’orthographe d’un nom propre, d’un détail typographique, etc. Quelle que soit la compétence du traducteur, il n’est pas infaillible et commence, en outre, à souffrir d’une éprouvante presbytie due à un contact rapproché avec le texte. Il faut donc qu’il passe la main. »

Tout bon scripteur / penseur / traducteur en français que l’on soit, notre vigilance peut baisser. On a procédé à une énième relecture sur papier, au verso de feuilles déjà couvertes de corrections d’une ancienne traduction déjà publiée, et cela ne nous empêche pas, parfois,  d’envoyer le travail avec des morceaux de phrases un peu lourdes, des répétitions… Sans parler des coquilles qui émaillent le tapuscrit.

Un truc inestimable

Quelques temps après, votre éditeur vous écrit pour vous proposer quelques améliorations. Plus ou moins importantes. Comme l’histoire de crow que Claro confondit avec crowd, sans doute parce qu’il était passé trop vite. Il faut s’inquiéter quand il y a des passages entiers qui sont entièrement à reformuler. J’en ai vu bien souvent au cours de mon expérience de responsable d’une défunte revue de traduction. 

Ne croyez pas que deviser avec légèreté sur les erreurs que l’on reconnaît soit si facile. Mais cela fait partie de l’apprentissage de la profession. Et je déplore comme Claro que certains se sentent « intouchables ». Recevoir les suggestions de correction que l’on vous fait en bonne intelligence n’est pas abandonner son statut d’auteur de ladite traduction.  Je pense que c’est la raison pour laquelle certains réagissent mal : ils ont peur qu’on leur prenne quelque chose… alors qu’on leur donne justement un truc inestimable : l’occasion d’améliorer le texte pour lequel ils ont déjà donné tant de leur talent. Je ne sais plus dans quelle étude j’ai lu que chacun de nos passages sur nos traductions nous permet d’améliorer notre texte de 5, voire 15%. Alors vraiment, je trouve normal de remercier celles et ceux qui nous mettent sur la voie, en pointant les bourdes et les relâchements. Pour ma part, les correcteurs et correctrices de chez Actes Sud ont ma reconnaissance éternelle. J’ai déjà eu l’occasion de dire tout cela en public et de remercier non seulement les éditeurs français d’avoir le bon goût de publier de la littérature étrangère, mais aussi les correcteurs qui me font grandir.

L’écrasante majorité des gens n’ont pas idée de la part du travail éditorial intervenant dans la concrétisation de l’objet fantasmé (oui, fantasmé!) qu’ils tiennent entre leurs mains. Ils sont souvent pleins d’une déférence sacrée pour ce que le romancier a été capable de sortir de son imagination. Comme eux, heureusement que je sais me laisser emporter par un García Márques ou un Boulgakov, et que je n’ai pas en tête toutes les étapes qui ont mené à la mise en forme du livre (quoique, par déformation professionnelle, j’observe des tas de choses, et surtout les marqueurs de lisibilité d’une traduction…). C’est heureux, car le plaisir de l’immersion dans le texte ne devrait pas être perturbé par des facteurs matériels.

Polir le diamant brut

Mais il y a une part des lecteurs qui ont une vision extrêmement décomplexée de l’oeuvre écrite, sans pour autant connaître toutes les étapes de sa fabrication. Et parfois – de plus en plus souvent – ils se disent qu’ils pourraient bien écrire, ou traduire, eux aussi. Mais oui, c’est si facile! Le marché de l’autoédition leur ouvre les bras! J’éprouve une défiance moyenâgeuse à l’égard de ce phénomène. Mais je revendique ma position réac, je ne crois pas à l’oeuvre littéraire sortie impeccable, coup de peigne et tenue de soirée, du clavier de son géniteur incompris – car, évidemment, c’est parce qu’il ou elle est un génie incompris, ou la victime d’un complot de la clique des traducteurs (!?), qu’il ou elle en vient à s’autoéditer… Je crois aux œuvres littéraires géniales, bien entendu. Et elles peuvent être révolutionnaires et débraillées, là n’est pas la question. Mais il faudra toujours polir le diamant brut.

Oh, combien je vous remercie, Claro de m’avoir donné l’occasion, par ricochet, de dire tout ça. Le jour baisse, les martinets crient dans le ciel d’un bleu layette, je poursuis. Que j’en vienne moi aussi à mes zèbres et zébus (trois z à la suite!)

Quand deux ou trois traducteurs de littérature roumaine dans les autres langues de la terre se croisent, en vrai ou sur internet, ils abordent un sujet qui revient tout le temps. Un truc qui peut leur pourrir leur journée de traduction (attention, ce que je vais écrire ne plaira pas aux éditeurs roumains). Et il s’agit de ça : nombre des romans sur lesquels nous travaillons pour les traduire sont bourrés de fautes, traités avec les pieds, on se demande parfois s’ils ont été relus (aïe, je vais exagérer, mais on dit aussi “qui aime bien châtie bien”, non?).

Et là où, chers lecteurs de l’article de Claro, vous allez voir où je veux en venir, c’est qu’il est de tradition, dans les livres édités en Roumanie, de mentionner le nom de la personne qui a accompli un travail éditorial (comprenez, pour faire simple, de relecture, de mise en cohérence, de correction).

Traités avec les pieds

En ce moment, je peste contre 💣💀💥💫💨 qui théoriquement a dû travailler sur le livre de 😇💙💤 puisque son nom figure dans les pages de ce livre, qui est un super livre, d’un super auteur, et moi, qui le traduis, j’éprouve de la peine pour lui, l’auteur, dont le livre est sorti des presses dans cet état!

Je suis une traductrice et depuis que j’ai commencé un jour d’août à Saint Denis il y a déjà longtemps, je ne cesse de noter des corrections dans les ouvrages que je traduis. A la fin de chaque traduction, j’envoie une liste de plusieurs dizaines de coquilles plus ou moins graves à l’auteur, qui me remercie parce que cela lui sera utile pour l’édition suivante. Chers lecteurs français, vous avez échappé à la confusion entre trompe de Fallope et trompe d’Eustache, dans tel roman que j’affectionne. Mais le lecteur roumain, lui, n’a pas échappé aux mobiles de Calder qui deviennent, dans la version roumaine d’un roman de François Weyergans, des téléphones portables… Cherchez l’erreur…

C’est rigolo, ce sont des exemples amusants que les lecteurs avertis corrigent d’eux-mêmes, dirons nous.

L’acribie avec laquelle nous travaillons sur nos livres à traduire fait dire aux écrivains reconnaissants que nous, leurs traducteurs, sommes les personnes qui connaissons le mieux au monde leurs livres (mieux qu’eux!), mais cela pose tout de même des questions sur le travail éditorial dans la version originale, quand on doit régler de tels problèmes de cohérence (ou parfois de structure, mais c’est un autre sujet). Que ne règlent pas la présence du nom de l’éditeur ou du correcteur dans les dernières pages du livre. En fait, si je peste contre  💣💀💥💫💨 , j’éprouve aussi de la compassion pour cette personne: dans quelles conditions travaille-t-elle pour fournir un si horrible boulot??

Claro a fait cette suggestion de faire figurer le nom des éditeurs, des correcteurs. J’ai pris un livre au hasard sur mes étagères et c’était un livre du Seuil, Le turbulent destin de Jacob Obertin, traduit de l’allemand par Barbara Fontaine. Le nom de l’éditrice est mentionné. J’ai l’impression que c’est une exception. En revanche, dans mes livres roumains, chez Polirom, Humanitas ou Trei, on trouve le “rédacteur”, l’auteur de la couverture, le compositeur (la personne qui a saisi le texte et l’a mis en page). Chez Trei, on dirait un générique de film, car tout le monde est mentionné, de l’Éditeur aux graphistes.  C’est vraiment bien. Quoique. Les premiers commentaires reçus font la part des choses entre salariés des maisons d’éditions et ceux qui exercent une propriété intellectuelle sur l’ouvrage.

“En dépit de sa singularité, un livre bénéficie d’un soutien collectif qui n’a aucune raison de rester anonyme” écrit Claro chez son clavier cannibale… Je suis d’accord avec lui sans doute parce que je connais l’ampleur du travail accompli en édition… Et vous, qu’en pensez-vous? 

 

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L’entame ne suffit jamais

Le titre de cet article cite Ingrid Astier. Selon la romancière invitée à l’émission Des Mots de Minuit #548 avec Matei Visniec, l’entame de ses romans est souvent un fait divers qui fonctionne comme un appât, une invitation à imaginer-vivre-raconter tout le reste.

Mais certains écrivains se tourmentent au sujet de leur première phrase, qui n’est plus seulement l’entame du roman, mais le saint-début, la mise-en-bouche dont ils connaissent l’enjeu capital… et qu’ils peinent à trouver. C’est bien ce qu’a compris le marchand de premières phrases, ce personnage extraordinaire qui aborde avec son discours de bonimenteur un écrivain esseulé  :

« La première phrase d’un roman est le cri irréfléchi qui provoque l’avalanche… C’est l’étincelle qui déclenche la réaction en chaîne… Une première phrase n’est jamais innocente.  Elle contient le germe de toute l’histoire, de toute l’intrigue. La première phrase est comme l’embryon de tous les possibles, comme un spermatozoïde chanceux, si vous voulez bien me permettre cette comparaison… Ha ha !… »

Au lecteur de découvrir quelle sera finalement cette fameuse première phrase que tout le roman recherche pour lui-même…

 

Dois-je préciser que cette émission est un véritable bonheur? Philippe Lefait prend le temps d’écouter la réponse aux questions qu’il pose. Alors il était logique qu’il ait envie de rencontrer Matei Visniec et de l’inviter: le romancier le dit de toutes les manières possibles: « notre monde ne jure que par les commencements ». A peine lance-t-il une action (ou une question ) qu’il passe à la suivante, dans une course effrénée à la jouissance du commencement… 

Au détour de cette conversation, on entend parler de liberté (« transformer la liberté en civilisation, tel est le défi des citoyens roumains depuis presque trente ans), d’ironie (nécessaire, jusqu’à la limite du caustique), du lavage de cerveau auquel nous sommes benoîtement soumis (au sujet de sa pièce L’Homme poubelle : « on assiste à la transformation de l’homme en poubelle de la société de consommation: il avale tout, il accepte tout »), de gratitude aussi ( pour notre culture française qui lui a permis de résister quand il vivait encore du mauvais côté du rideau de fer et qui a accueilli ses œuvres jusqu’à les faire siennes).

Enfin, de la gratitude, il en est aussi question ici et maintenant, car Matei Visniec a l’élégance et la générosité d’évoquer le travail de sa traductrice. Ceux qui passent régulièrement sur ce blog se rendent compte (j’espère) de ce que peut être le travail du traducteur littéraire. Ils devinent peut-être aussi, au travers des longs silences du blog, les périodes difficiles, de recherche et de questionnement.

Mais je ne sais pas si j’ai déjà exprimé ici un « merci » à tous les écrivains dont j’ai traduit les livres et à ceux, aussi, dont je porte en ce moment les ouvrages en espérant les voir publiés bientôt. Alors je les remercie tout simplement d’exister et de créer.

http://culturebox.francetvinfo.fr/des-mots-de-minuit/dmdm-l-emission/dmdm-548-l-aventure-avec-ingrid-astier-et-la-premiere-phrase-de-matei-visniec-256113

Hôtel Universal vient de paraître!

couverture-universal

Hôtel Universal est ma 15e traduction d’un roman, le 17e livre ! J’atteindrai une sorte de majorité avec la sortie, l’an prochain, de la traduction en cours! Merci, les éditions Belfond qui ont choisi de publier ce premier roman! Pour celles et ceux qui souhaitent un avis extérieur, il y a déjà la critique sensible de Cristina Hermeziu, parue sur Actualitté, ici. Véronique Rossignol, pour Livre Hebdo le présente en quelques mots : «… largement salué à sa sortie en 2012, [ce roman] avance à la manière des souvenirs reconstitués, par recoupements de témoignages pour recréer une réalité insaisissable, une mémoire des lieux trouée et parcellaire. Dans le parfum capiteux des pétales de roses confits, l’odeur des secrets, Hôtel Universal magnifie les destins d’une lignée de femmes fortes, guérisseuses chacune à sa façon, un peu sorcières, des héroïnes « merveilleuses », c’est-à-dire, selon la définition de Maria la grande, »sensibles au merveilleux ».»

Entre roses et chocolats, oui, c’est l’histoire de trois générations de femmes que nous raconte Simona Sora. Toutes ont un lien avec l’Hôtel Universal, un vieil hôtel situé dans le centre de Bucarest. Cet été, je suis allée y faire une sorte de pèlerinage (on peut lire ça ici). J’ai vu les portes verrouillées, ce qui rend cet endroit encore plus mystérieux. L’héroïne du roman s’appelle Maia, et « quand elle posa pour la première fois la main sur la barre de la porte vitrée de l’entrée principale et franchit le perron de marbre rouge, large et incrusté de pierres blanches qui formaient les lettres HU, elle sentit que les années d’échecs, d’humiliations, de peur et de colère rentrée qui pesaient sur son thymus allaient enfin se dissoudre » écrit Simona Sora. Elle a quelque chose d’étrange, cette jeune femme qui vient faire ses études à Bucarest en pleine révolution roumaine de 1989. Elle n’est pas très à l’aise, elle renvoie une image hermétique mais ça ne l’empêche pas d’être acceptée dans une bande d’étudiants aux caractères très marqués, ce qui donne des scènes très hautes en couleurs, placées dans les bars et les cafés autour de l’Université. Dans le passage que j’ai cité, on sent bien qu’elle porte quelque chose de très lourd et qui, peut-être, traverse les générations. Je n’en fais pas un secret : la personne très belle et porteuse de magie, c’est la grand-mère de Maia. C’est son récit qu’on lit dans une grande partie du livre. C’est sa voix qu’on entend. Simona Sora l’a formidablement restituée. C’est par cette voix qu’on a accès aux temps reculés de la guerre de Crimée, au milieu du 19e siècle. La grand-mère chargée de dons ultra-sensoriels parle à sa petite-fille tout en cuisant la confiture de rose. La scène se répète, des années durant, la fillette grandit, l’histoire racontée s’enrichit, s’approfondit. Le personnage de Rada, l’aieulle fondatrice de cette lignée de femme apparaît grâce à celui que la grand-mère conteuse surnomme avec hauteur « Le Cuistot », Vasile Capşa. Grâce à son récit, on suit l’homme doté de papilles d’une finesse exceptionnelle dans ses voyages de commerce, hasardeux, à cette époque lointaine, et qui le mènent en Crimée et jusque sur les rives du Bosphore. Il deviendra chocolatier, mais pour que la lignée se forme, il a fallu une rencontre avec Rada. C’est à moitié mort, qu’il a échoué sur le seuil de sa maison, en Bulgarie. Elle le sauve. Je vous fais cadeau de ce petit passage sur Rada : « Les bouillons qu’elle préparait pour soigner les jaunisses, la chute des cheveux, les maladies de cœur et les bubons noirs l’auraient rendue riche partout ailleurs qu’à Topoli, mais sa grande fierté, elle la tirait de la meilleure confiture de roses primeurs de la rive bulgare de la mer Noire, une confiture peu réduite, dans beaucoup de sirop, comme on fait nous aussi et que mangeaient tous les voyageurs de passage et tous les voisins et dont Capşa a senti le parfum si fort, une nuit qu’il a cru être en plein champ. Enivré de valériane dissoute dans de l’or, il s’est pourtant levé ou a cru le faire et, regardant dehors, il a vu en pleine nuit les champs infinis de rosiers rouges étinceler dans une lumière aveuglante sur la toile violette du ciel. C’était le ciel de Sébastopol sous lequel Costache et lui étaient peut-être morts et, à présent, dans la maison bleue de Niculae, ils n’étaient plus qu’une vapeur de roses cueillies, lavées et cuites à feu vif avec du sucre. »

Je vais m’arrêter là dans le dévoilement, ce serait dommage de tout vous dire de ce roman où l’on a, aussi, une enquête criminelle (aïe, ça y est, je l’ai dit !!).

Ce que je voudrais partager, c’est une interrogation. J’aimerais beaucoup que Simona Sora nous raconte (lors d’une rencontre prochaine avec ses lecteurs, peut-être ?) ce qui l’a amenée à choisir les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola pour ses titres de chapitres. Comme de juste, je me suis plongée dans ce texte pour les besoins de la traduction, et j’en garde un souvenir lumineux. La table des chapitres est ainsi un livre à elle seule, une échelle des mystères, un monde à découvrir :

« Composition de lieu », « Je lui demanderai la grâce », « Règle pour le discernement des esprits », « Médication des cinq sens », « Contemplation pour parvenir à l’amour », « Prélude pour un choix », « Règles de tempérance », « Recomposition du lieu. Contemplation et méditation des choses visibles et invisibles »….

Mais ce que l’on peut faire, en attendant de rencontrer Simona Sora, c’est, par exemple, ouvrir son roman à la page 28 et méditer cette première phrase du chapitre Règle pour le discernement des esprits:   « On ne sait jamais sur qui on peut tomber au creux du sommeil ou lorsque l’on a perdu conscience. » 

J’ai le don d’ubiquité!

 

Où l’on m’a demandé ce que je traduisais, comment j’ai rencontré la littérature roumaine, ce que je faisais en Roumanie et dans les Balkans dans les années 90, quel est mon diagnostique des échanges culturels franco-roumains…

Où je raconte comment j’ai lu à 20 ans certains écrivains français, sud-américains ou russes d’abord dans leur traduction en roumain (!) avant de les découvrir en français, où je parle de la diffusion de la littérature roumaine en France…

Où je fais en 45 secondes un bref panorama de 10 années d’évolutions politiques, économiques et géostratégiques de ce pays, telles que je les ai vues…

Merci, Ovidiu Mihăiuc, d’être un si bon intervieweur!

Où je défends le festival de littérature de Iaşi

Oui, parfois, quand vous êtes traducteur de littérature, on peut vous demander votre voix pour défendre une cause juste. Vous vous souvenez de ce superbe Festival International de Littérature et de Traduction au sujet duquel j’avais publié un article dans Livre Hebdo?  Avec une photo du Prix Nobel Herta Muller? (ici) hertamuller_filit_iasiLe Festival qui avait invité Romain Puertolas, François Weyergans, David Lodge, Patrick McGuiness, Guillermo Arriaga, en plus des auteurs roumains consacrés comme Mircea Cartarescu, Stefan Agopian ou Norman Manea? Ce Festival qui invitait aussi de nombreux traducteurs de littérature roumaine à se retrouver pour parler de leur merveilleux job et de tout ce qu’il restait encore à découvrir dans la littérature roumaine?

Eh bien ce Festival a été largement saccagé par les hommes politiques locaux. Juste parce que c’était une réussite et qu’ils n’en étaient pas les auteurs. Aussi parce que c’était novateur, que ça ne faisait pas appel aux vieux réseaux clientélistes.

Comme ils ont du panache et de la superbe, les initiateurs du projet (tous trois écrivains à succès) n’ont pas jeté l’éponge, mais le FILIT n’a plus l’envergure qu’il avait: cette année il subsiste sous la forme de rencontres professionnelles (avec un magnifique atelier de traducteurs en ce moment-même en Bucovine) et de plusieurs expositions.

Mais bon, comme j’ai été invitée à la télé, j’ai dit combien c’était dommage de gâcher une telle réussite culturelle. Et Dan Lungu qui partage le plateau avec moi explique par quelles complications politico-stupido-bureaucratiques ce festival passe en ce moment.

Pour vous dire (trop rapidement) qui sont les trois créateurs du FILIT :

Dan Lungu, auteur Jacqueline Chambon – Actes sud, directeur du musée de la littérature de Iasi et créateur du festival

-avec Lucian Dan Teodorovici, auteur chez Gaia

-Florin Lazarescu, auteur aux Syrtes et surtout co-scénariste de l’excellent film Aferim!