Berlin 2 : le choc d’Ishtar

Berlin, ça a été aussi ça : ishtar.JPGLa porte d’Ishtar et la voie processionnelle de Babylone.
Tout autour, un musée d’une incroyable richesse. Impossible de tout voir en une journée, alors on a passé un temps fou à se délecter des moindres détails de quelques oeuvres ciblées à l’avance :l’autel de Pergame, la façade du marché de Milet et Babylone au rez-de chaussée.

Puis une visite d’une intensité inédite à l’étage des arts islamiques: la « chambre d’Alep ». Je regrette de ne pas avoir de photo de cet exemplaire extrêment rare d’une pièce de réception entièrement couverte de boiseries mêlant graphisme stylisé oriental, psaumes, formules de bénédiction et d’action de grâce, représentations colorées de scènes de la vie quotidienne… Tout cela appartenait à un négociant chrétien dans l’Alep du 17ème siècle commençant…

Berlin, ça a été aussi ça, dans la même journée : un Lunchkonzert dans le hall de la Philarmonie : un espace (et quel espace!) plein à craquer d’un public conquis et respectueux. Au programme, Schubert et Chopin…
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Fondane : Poèmes d’autrefois et Le reniement de Pierre

La lecture des textes de Benjamin Fondane est une expérience que tout lecteur doit faire un jour ou l’autre. J’en dis plus ICI dans une de mes pages. Aujourd’hui paraît une partie importante de l’oeuvre en forme d’étoile filante de ce poète roumain qui avait choisi la France ou il fut à deux doigts d’éviter la mort par gazage à Birkenau. Lire, pour comprendre l’allusion que je fais, la très jolie biographie d’Olivier Salazar Ferrer aux éditions Oxus.
La traduction de ce très beau texte est signée Odile Serre, l’excellente traductrice de roumain qui a, entre autres, également donné au français le roman de Gheorghe Craciun Composition aux parallèles inégales publié par Maurice Nadeau et récompensé par le prix Pierre-François Caillé de la Société des traducteurs français.fondane.JPG

Présentation de l’éditeur : « Ce recueil rassemble des poèmes écrits en roumain par le jeune Fondane entre 1917 et 1923, manifestement inspirés par sa lecture de la Bible et des Psaumes et qui illustrent bien son idéal de jeunesse de donner une  » justification esthétique de l’Univers « . Cet ensemble est suivi d’un long poème dramatique, également demeuré inédit en français : Le reniement de Pierre. »

Salinger dans l’éternité des seigles

« Et moi je suis planté au bord d’une saleté de falaise. Ce que j’ai à faire c’est attraper les mômes s’ils approchent trop près du bord. Je veux dire s’ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C’est ce que je ferais toute la journée. Je serais juste l’attrape-coeur et tout. D’accord, c’est dingue, mais c’est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça. C’est dingue ».*

Quelques phrases du mythique Holden Caufield en hommage à son auteur. Salinger est mort.  C’est dingue.

*L’attrape-coeurs, J.D. Salinger, traduit de l’américain par Annie Saumont, éd. Robert Laffont. Titre original : The catcher in the rye.

Travesty, Travesti, l’Amérique et Cărtărescu – Berlin 1

Les points d’orgue des quelques jours passés à Berlin ?

D’abord le séminaire de Mircea Cărtărescu. Chaque mardi soir pendant un semestre, le professeur Mircea Cărtărescu a évoqué la littérature postmoderne devant les étudiants de l’Institut de Littérature comparée Peter Szöndi de la Freie Universität. Un cours en anglais.

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J’ai assisté à celui consacré au roman de John Hawkes, Travesty. Le hasard fait incroyablement bien les choses : Travesti est aussi le titre d’un roman de l’auteur roumain, traduit en français sous le titre Lulu, aux éditions Austral, avant de quitter ce travestissement pour retrouver en 2007 son titre original en couverture  de la bande dessinée de l’artiste Baudouin

 

Une image à retenir de cette fin de journée ? Le campus est immense, le froid mordant, nous avançons en flottant sur d’épaisses couches de neige oblitérant le moindre bruit. Le bâtiment consacré aux langues romanes surgit au coin d’une rue bordée de villas. On voit de loin, à travers les parois de verre d’une grande salle vivement éclairée, les étudiants de dos et le professeur évoluant devant eux, un livre à la main. Quand nous arrivons, il est question de définir les niveaux d’interprétation de l’œuvre étudiée… Au tableau, les noms de Tsvetan Todorov, Lafcadio, Beckett et Ionesco se posent en flocons de craie.

 

Je ne reprends pas ici le contenu du cours passionnant entendu ce soir-là dans la salle au sol rouge de l’université berlinoise… Je veux juste dire que j’ai furieusement envie de lire ce roman, à présent. Et même en anglais, puisqu’il n’est pas traduit en français, me semble-t-il.

Ce que je regrette? Ne pas avoir croisé Zum-cititor… qui était dans la salle pour ce séminaire!

 

Seine et Danube : littérature roumaine en traduction française

J’étais à Berlin quand les efforts de notre association de traducteurs de littérature roumaine (ATLR) se sont concrétisés par la mise en ligne de …. la revue Seine et Danube, nouvelle série.

Je suis heureuse de partager l’annonce de cette parution avec vous!seine-et-danube.JPG

Fruit de plusieurs mois de travail pour toute notre équipe, notre revue on-line est à l’image des objectifs de notre association de traducteurs : originale et généreuse en découvertes.

Les textes traduits sont des inédits : ils donnent au lecteur une vision large de la littérature roumaine en traduction française, et ce, dès ce numéro inaugural.

Ayant les ambitions d’une encyclopédie permanente, Seine et Danube ne fera qu’élargir son éventail de thèmes, de styles et d’époques au fur et à mesure de sa croissance…

Il y aura de la poésie, des extraits de romans, de pièces de théâtre, d’essais.

Ainsi, au sommaire de notre premier numéro figurent dix traductions inédites:

 

  • Trois Hymnes de Sorin Mărculescu, traduction de Dumitru Tsepeneag,
  • Trois Poèmes de Cosmin Perţa, traduction Linda Maria Baros,
  • L’entonnoir et Stamate et Ismaïl et Turnavitu, deux textes du surréaliste Urmuz, traduction Magda Carneci
  • Le tiroir aux applaudissements, un beau passage du roman d’Ana Blandiana, traduction Helène Lenz
  • L’Épopée d’une contrée fraîche et verdoyante de Radu Aldulescu, un extrait dans une traduction de Nicolas Cavaillès
  • Adieu, l’Europe de Ion. D. Sîrbu, dans ma traduction : le grand texte d’un romancier également dramaturge de talent ;
  • La fête ininterrompue de Damian Necula, un extrait traduit par Marily Le Nir,
  • Le journal philosophique de Constantin Noica, traduction de Maria Cojan Negulesco
  • Il fait beau en septembre à Venise…une pièce de Teodor Mazilu, traduction Philippe Loubière
  • Amalia respire profondément de la jeune dramaturge Alina Nelega, dans une traduction de Mirella Patureau.

 

Le comité de rédaction et les membres de l’ATLR vous souhaitent de belles lectures sur le site de Seine et Danube.