L’année commence bien… avec un nouveau livre!

Oui, elle commence très bien avec la sortie du premier roman de Savatie Bastovoi, premier romancier moldave à être publié en traduction française depuis 1989!

La Moldavie? C’est quoi? C’est où, me direz-vous?

Eh bien, c’est juste à l’est de la Roumanie, de l’autre côté de la rivière dont le nom fait dérailler les présentateurs télé quand ils doivent le prononcer (la Prut se jette dans le Danube à quelques kilomètres de la Mer Noire).

C’est un petit pays de collines et de vignes.

Un beau pays mal connu.

On y parle le roumain, une langue roumaine sertie de régionalismes savoureux et au lexique façonné au contact prolongé de la langue russe.

On y parle aussi le russe, l’ukrainien… Savatie Bastovoi, poète, romancier, fait d’ailleurs aussi des traductions du russe…

Alors voilà, 2012 commence avec la joie de voir une de mes nouvelles traductions publiée par les éditions Jacqueline Chambon:

Les lapins ne meurent pas - Savatie Bastovoi

BONNE ANNEE 2012 à TOUS!

 

L’Echo Républicain : Profession traductrice

 

Que font deux traductrices quand elles se rencontrent?
Elles parlent de traduction!

Et quand elles le font devant un public attentif, curieux, qui pose des questions…elles dévoilent des aspects intéressants de leur travail.
La salle d’exposition de la librairie L’Esperluette à Chartres était pleine à craquer mercredi soir pour la rencontre croisée entre Olivier L’Hostis, Elena Balzamo et moi. La soirée fut belle.
Personnellement, j’ai beaucoup aimé le moment où Elena Balzamo a choisi, à la demande d’Oliver L’Hostis, une des lettres de Strindberg. La traductrice a lu une missive que l’auteur suédois envoya à ses parents alors qu’il n’avait que 9 ans (à l’époque, c’était chose commune, que d’écrire à ses parents même bien avant cet âge-là). Quelques paragraphes charmants qui ne laissent pas augurer du caractère de chien qui sera celui de l’auteur adulte… Puis une seconde lettre, rédigée à 12 ans à l’adresse de son frère et dans laquelle tout son talent de futur dramaturge éclate de manière évidente. Il faut lire cette fameuse lettre annonçant au frangin le décès de leurs parents…
Puis on m’a demandé de lire un passage de L’Aile tatouée. J’ai choisi d’illustrer la vision de Cartarescu qui se souvient de l’enfant d’une dizaine d’années qu’il était et qui rêvait, observant l’interieur d’une télévision tombant très souvent en panne et que le réparateur venait opérer sur la table de la salle à manger : « une fois le dos retiré, c’était une ville étrange qui nous était dévoilée, fascinante (…) Des terrasses et des esplanades chargées de constructions de verre fumé, chacune bien fixée sur son socle. Des coupoles étincelantes, des réseaux de câblage souterrains, des piliers de céramique où luisait le code des couleurs, des mécaniques compliquées  avec un coeur de ferrite (…) Dans la ville sous la carcasse de contreplaqué existaient sans doute des bâtiments et des coupoles où les services secrets avec de minuscules fonctionnaires contrôlaient le trajet de chaque quantum d’énergie, sculptant l’information d’après des critères occultes, modelant et modulant ses méandres jusqu’au méconnaissable. Jamais entre l’esprit et le monde n’avait existé un intermédiaire aussi rusé, traitre et empoisonné, une fenêtre vers les choses aussi semblable à un hachoir. »

Un autre extrait ici, mis en ligne par les éditions Denoël.

Et voici l’article publié vendredi 5 février dans l’Echo Républicain :IMAGE0001-copie-5.JPG