Il y a des livres qui vous font repartir. A bord d’une Lexus, comme le héros de Marin Mălaicu-Hondrari, ou dans une Audi achetée d’occasion, 140 CH, intérieur cossu, ou encore à pied, tout simplement – mais il faudra plus d’abnégation.
Le livre de toutes les intentions fait partie de ces livres essentiels qui vous sortent de l’ornière. « Ma souffrance s’éloignait dans le rétroviseur » écrit Marin Mălaicu-Hondrari p.23. Le héros, le narrateur qui ressemble tant à l’auteur ne tient le volant que de la main gauche. « Comme mon père, je garde la main droite sur le levier de vitesse. » Si un jour prochain cet attachant poète et romancier est invité en France pour rencontrer ses lecteurs, il faudra lui poser la question au sujet de ce père qui apparaît brièvement dans le livre, mais qu’il compare tout de même au poète grec Yannopoulos Periklis, ce qui lui donne une incroyable présence! Periklis écrivit principalement sur le partage entre lumière et ténèbres et choisit d’en finir de manière spectaculaire (p.20 dans le Livre). Periklis ne se trouve pas là par hasard, c’est certain, lui qui « se sentait étranger dans son propre pays », ce que put ressentir aussi le narrateur, Roumain auto-exilé en Espagne…
Notre écrivain et conducteur passionné a passé 74 jours, 16 heures par jour, à concentrer toutes ses intentions sur un seul but, écrire son livre sur les suicidés. Sur les écrivains qui ont interprété ainsi la liberté dont dispose chaque être humain.
J’ai accompagné ce livre depuis le milieu des années 2000, je l’ai traduit au début de l’année 2021 et l’ai fini le soir du 16 février, avant de le rendre aux éditions Inculte le 30 mars. Et puis il a été revêtu d’une très belle couverture dont les lampadaires, simples silhouettes sur un fond orange incandescent évoquent avec élégance la route et la force des sentiments. Il est sorti pour la rentrée littéraire, mi-septembre, et j’ai mis du temps à y revenir, car sa lecture et sa traduction m’avaient propulsée dans le champ de l’écriture. Mais un champ fait d’ornières. Heureusement, c’est ce même livre qui me fait sortir du champ (terrestre, visuel, magnétique) de l’écriture égoïste et me remet sur la route (de la vie, de la traduction, des voyages). Je suis même allée voir les mouettes hier, et mon âme a repris de l’élan avec leur envol.
Je vous dirai dans les jours qui viennent quelques petites choses au sujet de ce roman de 98 pages (au fait, le titre de ce post est une citation, à retrouver p.23…) et de sa traduction.
En attendant, vous pouvez lire une belle critique du Matricule des Anges sur la page dédiée au livre ici.
Et pour accéder à la librairie en ligne et recevoir votre exemplaire dans votre librairie de quartier, cliquez sur la couverture du livre ci-dessous!