On est bien, à Bucarest!

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Samedi et dimanche soir durant tout l’été, concert classique, airs d’opéra sur la magnifique placette recemment aménagée en plein coeur de Bucarest : la place Coltea, du nom de l’hôpital (une perle du patrimoine bucarestois) en rénovation non loin de là.

Un espace naturellement dédié à la musique: l’installation de cet instrument monumental et allégorique attire le regard. L’aspect rectiligne et vivant des jeux d’eau offre un beau contrepoint visuel. A l’arrière, des magnolias en forme de fuseau dispensent fraicheur et parfum. Une véritable réussite. D’autant plus qu’on n’est pas du tout gêné par la circulation de la place de l’Université, juste en face des chanteurs et des musiciens.

Il y avait affluence hier soir, 12 juin pour écouter musique et jolies voix. Toutes générations confondues.

A deux pas de là, vers 20 heures, le parvis du théâtre national était noir de monde après un spectacle intitulé « La tragédie de Carmen ».

 

Passionnantes Palabres

Passionnantes Palabres centre-européennes, hier soir (jeudi 3 juin) à l’Institut culturel roumain.

Pour la dernière édition de la saison, Alexandre Prostojevic, maître de conférences à l’INALCO et à l’EHESS a présenté les Varia, de l’écrivain et penseur Danilo Kiš.

Le problème de ces Varia? Le reste de l’oeuvre est aujourd’hui indisponible! Alexandre Prostojevic a souligné l’importance et la beauté de ces textes courts, notamment quand Danilo Kiš est le penseur, l’érudit, le grand lecteur. Jean-Pierre Salgas, le griot de ces Palabres a fait chorus : les courts textes de fiction ne sont pas à la hauteur du reste. kis.JPG

Cela rend encore plus triste le fait que sa très belle trilogie Le Cirque de famille ne soit pas encore réédité. Pour apprécier les Varia d’un grand homme, il est préférable d’avoir lu son oeuvre, non?

(Varia, traduit du serbo-croate par Pascale Delpech, préface de Jean-Pierre Morel, Paris, Fayard, 2010.)

(L’image ci-contre provient d’un site consacré à cet écrivain yougoslave. Ce n’est pas en français, mais on y trouve des documents, des photos….Cliquez sur l’image pour y accéder.

Copyright © 1999-2010 Mirjana Miočinović, Predrag Janičić, Aleksandar Lazić. Sva prava zadržana)

L’écrivain autrichien Thomas Bernhard a été présenté par  la journaliste et  productrice Christine Lecerf, spécialiste de littérature autrichienne. De Mes prix littéraires, traduit de l’allemand par Daniel Mirsky, la critique estime que  le titre recèle un « contresens » . Meine Preise  en allemand, ce serait plutôt « ce que je coûte », « ce que je vaux ».

bernardt.JPG(voir ci-dessous le commentaire de Daniel Mirski à cette critique de la critique…)

Certes, « l’écrivain évoque les prix littéraires reçus mais » souligne Christine Clerc, le sens de l’ouvrage, c’est bien « prend l’oseille et tire-toi » : Bernhard, tout en aimant l’argent (il était né pauvre et a été toute sa vie très malade) attribué par les jurys des prix littéraires, narre avec sarcasme les cérémonies au cours desquelles l’ignorance le dispute à la muflerie.

Andrzej Stasiuk, avec Mon Allemagne, traduit du polonais par Charles Zaremba (Paris, Bourgois, 2010) souffre lui aussi (décidémment, c’était le jour!) d’un problème de titre. Selon Maougocha Smorag, le titre aurait dû laisser paraître ce qui à son sens est au coeur de l’oeuvre de Stasiuk : les questions et les problèmes d’adaptation des étrangers en Allemagne. L’écrivain polonais a forcément une relationparticulière à la nation allemande. Et il raconte très bien, d’ailleurs (avec humour), ses propres efforts pour abandonner clichés et  préjugés hérités de la propagande communiste.
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Il est un grand écrivain de voyage et a beaucoup décrit les réalités de l’Europe de l’Est. Il connaît très bien la Roumanie aussi. Ce que j’ai entendu de lui hier soir me donne très envie de le lire. Je vais notamment essayer de trouver Fado, entièrement consacré, ai-je compris, à la Roumanie. Mais ses analyses sur le reste de l’Europe et sur le sort des écrivains de la périphérie semblent tout aussi passionnantes.

La transition était toute trouvée pour moi, chargée de présenter ma traduction du roman de Mircea Cartarescu, L’Aile tatouée. En suivant ce lien on trouve plusieurs articles consacrés à l’écrivain roumain.portrait-mircea-cartarescu-par-LH.JPG

Comme c’était le jour idéal pour le faire, j’ai commencé par éclairer la question du titre. La trilogie porte, en roumain, le seul titre ORBITOR, soutitré L’aile gauche, Le Corps et L’Aile droite. Quand on sait cela, on perçoit déjà mieux le projet métaphorique de l’écrivain. La trilogie comme trinité, comme hommage à la symétrie parfaite et symbolique du papillon, référence à la nef flanquée de ses transepts, image aussi du trio composé par la mère et ses deux jumeaux. Ce dernier aspect est particulièrement important, puisque l’ensemble du roman peut-être vu comme une quête de la complétude à la fois physique (le narrateur Mircea se sent incomplet, il souffre devant les miroirs lui renvoyant l’image d’un visage assymétrique et il rêve ô combien au frère jumeau dont ses parents ne parlent jamais) et spirituelle (le destin de l’homme sur terre est comparable à celui du papillon à soie : ver grouillant, il doit passer par le cocon de l’introspection et de l’annulation de lui-même pour devenir enfin papillon libre et parfait).

La trilogie est publiée en français chez Denoël sous les titres suivants :

1. Orbitor, traduit par Alain Paruit

2.L’Oeil en feu, traduit par Alain Paruit

3. L’Aile tatouée, traduit par Laure Hinckel

Enfin, c’est une possible très belle découverte dont nous a fait part le traducteur Michel Chasteau.

L’écrivain slovaque Peter Pišt’anek, avec son Rivers of Babylon (en anglais dans l’original), met en scène un rustaud parvenant au poste clé de chauffagiste dans un grand hotel de Bratislava. L’action se passe pendant l’hiver, un des longs hivers de la période communiste. Le chauffagiste joue avec les nerfs des clients de l’hôtel en leur coupant l’eau chaude et le chauffage. Son chantage lui permettra de se faire de nombreux « amis » et surtout, il pourra se remplir les poches.pistanek.JPG

L’ambiance est burlesque et crue, le langage va avec. Michel Chasteau a lu un passage de la fin où l’on voit le directeur de l’hôtel dévaler les escaliers dans un traineau tiré par des batards des rues et coiffé d’une toque en chat persan : maintenant qu’il sait vraiment ce qu’est le froid, il part vivre auprès des esquimos! C’est amusant en diable. Ca me fait beaucoup penser à un roman du roumain Petru Cimpoesu traduit en république tchèque et qui a fait un tabac, remportant même le prix  Magnesia Litera pour son roman Simion l’ascensoriste.

L’Aile tatouée de Cartarescu aux Palabres centre-européennes

L’Institut roumain, en collaboration avec la Maison de la culture yiddish, la Maison Heinrich Heine, le Centre tchèque, les Instituts hongrois, slovaque, polonais et roumain, Les Amis du Roi des Aulnes, sur l’initiative du CIRCE (Centre Interdisciplinaire de Recherches Centre-Européennes) de l’Université de Paris-Sorbonne et l’Association Adice
organisent jeudi une nouvelles séance de leurs

PALABRES CENTRE-EUROPEENNES – PANORAMA DES LIVRES SUR L’EUROPE CENTRALE

Tous les deux mois, auteurs, traducteurs et éditeurs présentent des livres ayant trait à l’Europe centrale (Autriche, Hongrie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, etc.) récemment parus en français.

La séance sera animée par Jean-Pierre Salgas – critique (L’atelier littéraire France-Culture), professeur à l’Ecole Nationale d’Art de Bourges.

 

Domaine germanique

Thomas Bernhard, Mes prix littéraires, traduit de l’allemand par Daniel Mirsky, Paris, Gallimard, 2010. Présenté par Christine Lecerf, spécialiste de littérature autrichienne, journaliste, productrice à France Culture.

Domaine polonais

Andrzej Stasiuk, Mon Allemagne, traduit du polonais par Charles Zaremba, Paris, Bourgois, 2010. Présenté par Agnieszka Zuk, traductrice de Stasiuk entre autres.

Domaine roumain

Mircea. Cartarescu, L’aile tatouée, traduit du roumain par Laure Hinckel, Paris, Denoël, 2009. Présenté par la traductrice.

Domaine serbo-croate

Danilo Kiš, Varia, traduit du serbo-croate par Pascale Delpech, préface de Jean-Pierre Morel, Paris, Fayard, 2010. Présenté par Alexandre Prostojevic, maître de conférences à l’INALCO et à l’EHESS.

Domaine slovaque

Peter Pišt’anek, Rivers of Babylon, traduit du slovaque par Michel Chasteau, Paris, 2010. Présenté par le traducteur.

Cela se passe… ici :

Institut Roumain
1, rue de l’Exposition, 75007 Paris
tel. 01 47 05 15 31
www.institut-roumain.org/

Entrée libre

19h

A petites questions, grands débats

L’Institut culturel roumain a la gentillesse de m’inviter au salon du livre de Bucarest  (la Bookfest) pour une table ronde baptisée « Recettes littéraires à succès ».

Cet intitulé me force à me poser plusieurs questions auxquelles je ne pourrais directement apporter que des réponses biaisées… puisque je ne suis que la traductrice de quelques romans…

Alors je me suis dit que j’allais collecter des réactions via mon blog, facebook et mon carnet d’adresses et concocter avec ces résultats une mini étude…

Ainsi donc, chers lecteurs assidus ou curieurx de passage :

*Qu’est-ce, selon vous, que le succès littéraire?
*Si vous même écrivez, appliquez-vous des recettes, personnelles ou adaptées de livres de recette? (Je vous livre un extrait de celle-ci, tout juste murmurée à mon oreille par Robert, Grevisse et toute la troupe de copains qui veillent sur les étagères : « cent vingt grammes d’humour, une louche de toupet -autrement appelé talent-, une pincée de documentation, cinq cents grammes de levain grammatical…  » Mais attention, je décline toute responsabilité en cas d’application de cette recette! )

*Quels risques mortels encoure-t-on à tenter d’hypothétiques recettes à succès? Risque-t-on de se faire avaler par son clavier? Ou pire???? (les réponses les plus déjantées ne seront pas écartées).

*Si vous n’êtes pas du genre à tenir la plume, vous êtes certainement un lecteur : alors, selon vous, dans quelles conditions un livre est-il une réussite?
Je vous remercie à l’avance pour les quelques mots sérieux ou rigolards et, je l’espère, toujours souriants, que vous voudrez bien m’adresser avant le 8 juin, ci-dessous en commentaire ou pour ceux qui le peuvent, directement sur mon e-mail. Merci à tous pour votre participation.

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Bruges

De lectures en corrections et de ponts en ponts, mon dernier post date du 21 avril!

L’horreur.

Alors pour me faire pardonner cette absence, voici deux photos. Des détails saisis dans les rues de Bruges…

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On dirait une version stylisée des armoires moldaves, surmontée d’un oeil ou d’un poisson.Je trouve ça très joli.

J’ai bien aimé aussi ça:

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Cela me donne envie de déclamer « pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos selles? »