Enthousiasmées par la présentation du 13 novembre et pressées par les élèves qui voulaient me revoir, les professeurs de français du lycée Vasile Alecsandri m’ont proposé de revenir. J’ai eu l’idée d’un atelier de traduction, cette fois-ci, pour varier les plaisirs et apporter quelque chose de concret aux élèves.
Sitôt dit, sitôt fait.
Le lundi 17 novembre, dans le cadre tout à fait incongru pour moi d’une salle de chimie très joliment dotée de toutes sortes de béchers, erlenmeyers et flacons en verre brun, j’ai travaillé avec 26 lycéens de diverses classes, qui avaient demandé à participer – et il a fallu restreindre le nombre des candidats.
Pendant une heure nous avons travaillé sur un extrait du Livre des chuchotements que j’ai choisi pour sa teneur poétique et son contenu informatif et peu connu, sur les Arméniens de Roumanie. Ils ont d’abord planché, penchés sur les paillasses, pour traduire en roumain la traduction française.
Je les ai écoutés.
On a comparé au tableau les mots clés trouvés par les uns et les autres… Puis on a découvert la vraie version originale. C’était une manière de découvrir la traduction littéraire dans son inégalité parfaite, qui n’a que peu à voir avec la logique binaire du terme à terme.
A la fin de notre atelier, une jeune fille est venue me demander s’il était mieux qu’elle écrive en roumain ou en anglais, parce qu’en anglais, ça lui vient facilement… Une autre élève a voulu savoir mais « comment commencer un roman ? » Et comment répondre autrement que du fond de son âme, en puisant dans toutes ses ressources de sincérité, à des questions qui sont si profondément existentielles ? Car on ne vient pas poser des questions pareilles en privé pour épater la galerie ou pour se faire valoir. On en parle parce que ça travaille, ça tourmente et ça fait vivre.
Devant le tableau périodique de Mendeleïev, ils exhalaient un élément précieux qui n’apparaît dans aucune des cases roses et bleues. Chimistes, à vos marques, trouvez-le !