J’ai tout de suite eu envie de traduire ce roman qui m’a impressionnée par son souffle, sa
tension.. c’était il y a …. dix ans je dirais.
J’ai été attirée par cette écriture complexe au service de sujets parfois dérangeants. C’était noir et spécial. Le sujet de société qui est abordé par Do not cross et la concision avec laquelle il est écrit m’ont poussée à faire tout ce que je pouvais pour faire connaître cette romancière (qui n’est pas à Bucarest, mais dans la belle ville de Cluj, en Transylvanie).
Dora Pavel use, dans ce roman, d’une plume tranchante qui dissèque avec précision les sentiments troubles et ambivalents de son narrateur.
C’est paradoxal, mais je dirais que son livre est très français !
Il s’attache, en peu de pages, à cerner les failles intimes de son narrateur tout en tendant au lecteur un miroir de la société où l’action se déroule.
J’ai trouvé ce quatrième roman de Dora Pavel très réussi.
Il est impossible de lâcher le livre dès que l’on entre dedans, et que l’on est happé par la voix de ce jeune narrateur racontant sa course en forêt sous la menace de son ravisseur.
Son récit est entrecoupé de souvenirs familiaux et d’analyses de ses propres sentiments qu’il perçoit comme des déviances, à l’aune de la société dans laquelle il a grandi et où l’homosexualité était réprouvée.
Cela n’en fait pas pour autant un livre de genre, car c’est le désir, le désir universel qui est au centre.
De plus, on y trouve l’examen attentif des relations entre deux frères au sein d’une famille divisée par le divorce.
Et que dire des pages s’attachant à montrer les complexes et délicats rapprochements entre un fils et son père? Ce sont des pages déchirantes. Aussi bouleversantes que celles où il est question du frère et de la mère de Cezar.
Sous la belle couverture choisie par notre éditrice Marie Barbier :