Satisfaite de se voir entourée de ses auteurs, amies éditrices, libraires préférés et collaborateurs, heureuse de voir un livre traduit d’une langue qui lui tient à coeur recevoir un des grands prix littéraires de la rentrée, le Médicis étranger, Jacqueline Chambon rayonnait, hier soir, lors de la réception qu’elle donnait au Lutetia. Il y avait du monde, et parmi les éditrices Joëlle Losfeld, Liana Levi… J’ai vu aussi Nancy Huston. Et puis j’ai rencontré des traducteurs d’allemand, un sympathique traducteur de littérature libanaise dont le coeur bat pour… Ghérasim Luca et les génies roumains de l’Avant Garde. Du coup, jolie petite conversation qui nous a menés de Tzara aux Lettristes et au célèbre Ben en passant par Brauner… Et puis, soleil, tout d’un coup: apparition de la toujours pétillante Martine Grelle, à la veille de recevoir ses écrivains du monde entier pour une nouvelle édition des Belles Etrangères. link.
Un Garçon parfait (Ein perfekter Kellner) du Bâlois Alain Claude Sulzer a été traduit par Johannes Honigmann… et j’en ai profité pour parler un peu avec lui, au milieu des convives, au son des bouchons de champagne et dans le rouge éclatant des tentures du salon Pompéïen. L’ambiance Art Déco du Lutetia allait d’ailleurs parfaitement bien avec celle du roman dont l’action se passe en grande partie dans les années 30:
« Pas de grandes difficultés dans la traduction de ce livre » explique Johannes Honigmann. Pas même quelques aspects régionaux, étant donné que l’auteur est de Suisse allémanique? « Non, Alain Claude Sulzer emploie une langue allemande très pure. Il a le désir de retrouver, même dans ses livres qui se passent aujourd’hui, un style classique, épuré. C’est les années 30″.
Traduire signifie aussi lire autour du livre à traduire. Pas d’exception pour Johannes Honigmann qui a été voir du côté d’Orwell : « J’ai juste relu le livre où Orwell décrit son expérience dans un grand hôtel parisien… Il y faisait la plonge. Cela m’a aidé pour tous ces termes très précis comme chef de rang, maître d’hôtel etc. qu’on ne connaît pas forcément quand on n’est pas du métier et qu’on ne fréquente pas les grands hôtels. »
S’il s’agit du livre auquel je pense, Vache enragée, eh bien il y a une préface Panaït Istrati, autre habitué des petits boulots et des épinards sans beurre dedans.
L’histoire de cette découverte? (rappelons qu’il s’agit de la première traduction française d’un livre d’Alain Claude Sulzer): « C’est une co-découverte. Jacqueline Chambon connaissait le livre. Je voulais traduire quelque chose pour elle. Il n’a pas été nécessaire de faire preuve de beaucoup de force de conviction pour la convaincre. »
Joie de Jacqueline Chambon, satisfaction du traducteur : « C’est forcément un peu la traduction qui est récompensée. J’en retire une fierté, mais pas un orgueil ».
Ce jeune traducteur de langue maternelle allemande s’apprête à partir vivre à Berlin « où la vie est moins chère ». On l’a donc rencontré juste à temps: merci, membres du jury du Médicis!
Et nous? Eh bien, nous allons vite lire ce roman.