J’ai plein de trucs à faire. Vous savez, du genre qui ne sont qu’investissement et confiance dans l’avenir. Lire des livres roumains, tomber amoureuse d’un seul, le proposer, en parler, faire une fiche de lecture, hésiter, en prendre un autre, se dire que finalement oui le premier est le bon. Prendre des nouvelles d’un roman en cours d’écriture, là-bas, à 3000 km d’ici mais tout près de mon coeur. Relire un texte qui a pris la couleur transparente du verre, depuis le temps qu’on l’a laissé reposer. Et à côté de ça entretenir le réseau, ce feu qui éclaire la caverne et empêche de s’oublier tout seul. Parfois on éteint le feu et on aime bien se retrouver tranquille : on peut se le permettre quand les journées ne sont plus haletantes et hâchées, quand elles s’offrent dans leur plénitude. Alors on peut se consacrer à l’écriture, à l’étude, à la traduction.
Tout ça pour dire qu’entre toutes ces activités de confiance en l’avenir, je m’offre des petits moments de balade sur le net. Et je viens de trouver à mes pieds un joli caillou qui s’appelle Manoeuvres de diversion et que l’on trouve ici. Je vous laisse découvrir le fou de musique et de littérature qui propulse ses « Cartes postales du jour » sur un blog Hautetfort… C’est bien écrit, éclectique et riche. Le modèle de photo est aussi très intéressant. J’ai remarqué récemment plusieurs sites qui font preuve d’inventivité à ce sujet. Un livre posé entre deux fleurs, sur un escalier ou sur une couverture au crochet sur le blog d’Eva bouquine.
Yann Courtiau a rédigé le 10 février dernier une « Carte postale » sur un 33T russe et comment il est arrivé sur son bureau à Genève…. On a même droit à quelques paroles traduites de ce groupe d’électro-pop :
Il passe son temps à lire
Ou à observer longuement le soleil
Les femmes ne l’intéressent pas
Il dessine sur le sable des cercles benzéniques.
Il veut apprendre à résoudre des problèmes
À répondre à la question « Être ou ne pas être »
Et, plongé dans ses calculs et ses schémas,
Il synthétise une manière de vivre
Le constructeur, le constructeur
Je vois tout à fait le lien qu’il a fait avec Le Marchand de premières phrases… « Il passe son temps à lire »…
Je cite Yann Courtiau: « … il y est question d’une quête, celle de la première phrase, puis de celles des romans de Kafka, Camus, Thomas Mann et beaucoup d’autres encore ; il y est question aussi de souvenirs familiaux, de début d’un roman fantastique, d’une rencontre amoureuse dans une librairie en désordre, d’un logiciel d’écriture de romans et de bien d’autres histoires encore pour avoisiner la douzaine de récits sans rapport les uns avec les autres et qui s’entrechoquent au fil de ce livre qui est en définitive un éloge à la littérature dont le contenu jubilatoire est follement addictif. Bravo aux éditions Jacqueline Chambon de prendre le risque insensé de publier un tel livre – livre qui est comparable dans sa forme (pas forcément dans le fond, bien sûr) à des objets littéraires insolites comme l’ont été, pour ne citer que quelques noms et m’adonner ainsi à la facilité plaisante du « name dropping », Vies et opinions de Tristram Shandy de Laurence Sterne, Pétersbourg de Biély ou encoreUlysse de Joyce. En effet, ce labyrinthe littéraire qu’a fabriqué Matei Vișniec s’adresse aux bibliovores, qui, au contraire des amateurs de fastfood littéraire, aiment relever des défis en forme de courses d’obstacles, avec cette satisfaction stimulante qu’est la certitude que ce livre bien particulier s’inscrira en eux de façon définitive…«
Il faut lire le reste de la chronique sur le site. Merci pour cette réconfortante diversion. Je retourne au travail…
3 thoughts on “Un joli caillou au bout de mon pied”