Les enseignements d’une ex-prostituée à son fils handicapé
Savatie Bastovoi
Editions Jacqueline Chambon / Actes sud
2018 s’ouvre sur une grande joie: la sortie du nouveau roman de Savatie Baștovoi.
Je partage le bonheur d’une nouvelle traduction avec vous, et quelques réflexions : un grand sujet de société peut inspirer plusieurs romanciers en quelques années seulement. Cela dit quelque chose sur la puissance du thème traité… Dans le roman de Savatie Bastovoi, Les enseignement d’une ex-prostituée à son fils handicapé, c’est le drame des enfants moldaves (comme ceux aussi de Roumanie, Pologne, Ukraine…) « confiés » à des grands-parents ou à des connaissances par leurs père et mère partis travailler à l’étranger ( en Russie, en France, en Allemagne, en Italie). Ils sont en réalité abandonnés à eux-mêmes.
Ainsi, au moins trois autres romans ont été publiés autour de ce sujet en Roumanie et en Moldavie: Kinderland, de Liliana Corobca, La petite fille qui jouait au bon Dieu, de Dan Lungu et Le testament non lu, de Liliana Bicec (un récit de vie plus qu’un roman, mais qui vous tire des larmes).
Savatie Baștovoi s’appuie sur le journal d’une mère déchirée par l’abandon de son fils (on trouve une page reproduite dans le livre). Et trace aussi, dans ce roman court, la trajectoire du duo à la puissance quasi mythologique de deux ados, Karlic et Sérioja, qui pourraient ne former qu’un seul corps: l’un en est la tête et l’autre les membres.
Dur, sans concession, violent parfois, ce roman révèle aussi la blessure que l’écrivain porte dans son cœur, lui qui aime son pays et en décrit les travers. Une traduction qui m’a poussée à explorer l’argot roumano-russe des truands moscovites, mais aussi à retrouver l’intensité poétique de l’écriture du moine moldave – pas de mots en trop, pas de longueurs.
Il porte la plume dans la plaie.
Les enseignements d’une ex-prostituée à son fils handicapé, éditions Jacqueline Chambon, sortira le 10 janvier 2018 en librairie.
La presse en parle
Cristina Hermeziu, ActuaLitté.com
« Un doux écho de Tolstoï – celui de La Résurrection – traverse délicatement les pages de ce roman social violent et drôle où, sous la plume d’un écrivain-moine, les plus démunis de la vie s’avèrent être des miraculés. »
Catherine Simon, Le Matricule des anges
« L’enfance violentée reste une obsession chez Bastovoi, dont l’écriture, imprégnée d’un humour grinçant, fait la part belle à la satire sociale. Sous le scalpel de ce moraliste chrétien, la Moldavie postcommuniste, abêtie par la misère et rongée par la corruption, ne sort pas franchement grandie. »
Gilles Ribardière, Moldavie.fr
« Un livre qui rend compte d’une réalité qui peut se vérifier. Mais aussi de beaux passages d’une belle humanité. Une introduction éclairante pour comprendre un pays aux confins de l’Union Européenne en proie à de nombreux démons ! »
Claire Devarrieux, Libération
« Dans sa manière de raconter, [Savatie Bastovoi] entre beaucoup de drôlerie, de compassion, de colère, de tendresse. II est drôle quand il envoie des compères boire l’argent de l’essence, laquelle aurait permis de rattraper deux fugueurs. II nous fait rire quand le directeur récupère chez lui, pour le faire disparaître, le stock de couvertures de la Croix-Rouge qu’il a détourné, comme sont détournés les fonds de l’aide humanitaire européenne. Mais il ne s’agit pas d’une caricature. »