Challenge « Lire autour du monde »

La voilà, elle est prête, ma liste…

J’irai sur un autre continent, dans une ville, à savoir New York, avec Colum McCann dont je vais lire Les Saisons de la nuit (trad. de Marie-Claude Peugeot) en 10/18. J’ai envie d’en lire d’autres, mais je vais donc commencer par celui-ci, challenge oblige.

Puis je me baladerai dans le reste du pays avec Bjorn Gabrielsen et son Hareng des steppes paru chez Gaia (trad. du norvégien par Alexis Fouillet).

 

Pour rester en Europe et découvrir une ville, je lirai le roman de Jean Mattern, Les Bains de Kiraly, éditions Sabine Wespieser et dont l’action se passe à Budapest (enfin en très très grande partie). Quant à un pays, eh bien, ce sera l’ex-Yougoslavie pendant la guerre, avec Sasa Stanisic dont Le Soldat et le gramophone, dans une traduction de Françoise Toraille aux éditions Stock était, ça tombe bien, sur ma liste de livres à lire.

Enfin, mon récit de voyage me fera quitter la terre ferme, puisque j’ai envie d’écouter Oliver de Kersauson raconter le chant des océans, avec Ocean’s Song, aux éditions du Cherche Midi.

Bon, je suis contente de l’avoir mise au point… Onze mois et demi pour les lire, ça ne devrait pas être impossible…

La vie quotidienne en Roumanie sous le communisme

1989 – 2009 : vingt ans
pour comprendre

Reportons-nous vingt ans en arrière: janvier 1989, qui aurait cru alors que nous verrions, en l’espace de quelques mois, tous nos repères géopolitiques bouleversés? Le « rideau de fer » s’ébranler? Vous avez tous encore en tête le souvenir de ces milliers d’Allemands de RDA qui se rendaient en foule à Prague, à Varsovie et même à Budapest, pour demander l’asile aux ambassades d’Allemagne de l’Ouest, comme on disait. Des images vues à la télé. De hauts murs pris d’assaut.  Des enfants qu’on hissait. Un été pas comme les autres, avant un automne qui a changé notre vie à tous.

Ces régimes qui semblaient devoir durer une éternité, qui osait croire en leur démembrement? En dehors des dissidents, des activistes des droits de l’homme, des membres des associations multiples et vaillantes, en dehors des journalistes fameux qui se rendaient sur place, dans des circonstances périlleuses, pour rencontrer des syndicalistes – puisque les syndicats étaient interdits- ou des écrivains auxquels on avait ôté le droit de publier, qui parmi nous (j’avais vingt ans et cette partie manquante de l’Europe m’était totalement inconnue), qui parmi nous imaginait qu’avant la fin de l’année, la liberté serait retrouvée? Qui? Certainement pas les premiers concernés et parmi eux, les Roumains. Dans le système policier particulièrement pervers mis en place de longue date dans ce pays, le monde semblait immobile, gravé dans le marbre. Ceausescu renversé ? Il fallait être fou pour y croire.

 

2009, c’est l’année idéale pour lire cet ouvrage ! Au long des 14 contributions que vous pouvez lire dans le désordre selon vos centres d’intérêt, vous vous donnerez une idée des ressorts psychologiques des individus dans une société totalitaire.

Il y a des chapitres sur la peur, d’autres sur la censure et sur la « culture de la pénurie ».
Des événements particuliers sont analysés avec le bénéfice du recul et de nouvelles sources d’informations, ce qui donne des textes particulièrement riches.

Je mentionne en passant celui de Ruxandra Cesereanu, sur les tentatives de soulèvement des mineurs en 1977 et la révolte des ouvriers de Brasov, en 1987, deux événements suivis d’une très rude répression – et dont, en Occident, nous n’avons bien sûr eu qu’un écho extrêmement limité, à l’époque.
Lavinia Betea revient sur la terrible loi anti-avortement de 1966 dont les femmes n’ont commencé à parler, avec les difficultés et la douleur qu’on peut imaginer, que très tard.
Et puis l’affaire de la « Méditation transcendantale », racontée et analysée par le directeur de l’ouvrage, Adrian Neculau, prend une épaisseur particulière puisqu’elle est racontée par les protagonistes eux-mêmes et par ceux qui ont souffert directement de cette répression.

Ce ne sont que trois des 14 contributions. Je vous laisse découvrir les autres.

 

Et je vous souhaite une excellente année 2009 !

 

 La vie quotidienne en Roumanie sous le communisme, sous la direction de Adrian Neculau, préface de Serge Moscovici, édition française établie par Laure Hinckel, collection « Aujourd’hui l’Europe », L’Harmattan, 2008.

Traduire les fleurs


Le plus délicieux cauchemar du traducteur?

Hum… peut-être l’imagination échevelée des langues vernaculaires, quand il s’agit de donner un nom aux plantes et aux fleurs…

Attention, j’ai dit cauchemar, mais surtout, « délicieux »…

Je me régale à plancher sur les mots qui font obstacle.

Imaginez mon air perplexe lorsqu’il m’a fallu trouver, mais surtout vérifier ( bonne maladie journalistique héritée de mon ancienne vie) quelle plante se cachait derrière le  « cul-de-poule » ou la « fleur-de-maïs »…

J’ai rapidement trouvé qu’il s’agissait du pissenlit, en roumain papadia, en retrouvant le nom latin de ce cauchemar des jardins bien comme il faut.

Et là, j’ai trouvé que les Anglais sont descriptifs et surtout, qu’ils nous ont piqué les mots du pissenlit qu’on appelle aussi « dent-de-lion »: chez eux, c’est « dentalion », comme en portugais, par exemple dente-de-leão ou en allemand Löwenzahn

Mais alors, pourquoi pas de « dent-de-lion » en roumain?

C’est vraisemblablement parce le mot est arrivé par la langue grecque… παπαδιά signifie « épouse de prêtre orthodoxe ». Cela remonterait à l’époque où, pour les membres du petit clergé, très pauvres, le pissenlit était une plante de choix, dont ils faisaient de la soupe. Mais il y a peut-être une autre explication que j’ignore.

Juste, pour finir, quelque chose d’étrange: en turc, on retrouve « papadia » sous la forme de « papatya », et là, il s’agit de camomille. Allez comprendre.