Mécontente

Oui, pas contente du tout que le Journal de la Mayenne ait publié un de mes textes sous le nom de l’écrivain que j’accompagnais à Laval!

Il semble inconcevable qu’une traductrice signe autre chose… qu’une traduction!

Certes, il ne s’agissait que de rédiger un texte bien senti pour remercier le Festival et les lecteurs de la Mayenne… Mais tout de même! Surtout qu’elle est écrite au féminin, cette carte postale d’après festival… Comment la confusion a-t-elle pu être possible?

Alors voilà, je la publie ici. En précisant bien qu’il ne s’agit pas d’une traduction mais de mon propre texte rédigé au retour du Festival.

« Cher Festival de Laval,
J’ai arpenté les rues de la ville où tu grandis depuis 18 ans. Car te voilà à la majorité!

Et j’étais là, comme on dit.
Tu veux que je te dise? Dans mes nombreuses allées et venues entre la péniche sur la Mayenne, le théâtre, les remparts, la grand’roue, la brasserie avec homards, la gare et le château, j’ai été ravie par trois fois devant trois minuscules coïncidences : la présence d’Alfred Jarry et de son Ubu roi – moi qui travaille sur un pays autrefois rendu ubuesque par son dictateur, je ne pouvais que me réjouir de croiser là le grand Alfred. Ensuite, samedi, en descendant la rue vers la Mayenne et en observant les magnolias sur le point d’éclore, j’ai entendu dans un haut parleur LE tube roumain d’O-Zone, avec son fameux refrain entêtant « dragostea din tei »…

Je me disais déjà que je n’étais vraiment pas là par hasard quand j’ai aperçu, en blanc sur fond rouge, à la devanture d’une boucherie – charcuterie ayant fière allure cette merveille de nom de famille dont on ne peut que se dire qu’il est à SA place ici, dans cette ville de festival littéraire : LECRIVAIN. Fais bien attention qu’on ne te le pique pas, ton LECRIVAIN, car c’est bien connu, bonne chère et bons mots vont ensemble! »

Ana Ruxandra Ilfoveanu

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Voici une artiste qui aime la littérature. C’est même sa grande source d’inspiration. En 1995, une grande exposition lui est consacrée à Bucarest: elle expose tout une série d’oeuvres inspirées de la lecture du Livre du bonheur de Nina Berberova.

Plus récemment, c’est l’oeuvre tragique d’un auteur tragiquement disparue qui l’a inspirée.

Vous avez entendu parler d’Aglaja Veteranyi, n’est-ce pas? Cette jeune femme née en Roumanie dans le monde du cirque a vécu en Suisse à partir de ses 2 ans, quand sa famille a fui le pays. aglaja.JPG Enfant de la balle, elle a choisi de s’exprimer en dehors des chapiteaux, dans les livres. On connaît surtout Pourquoi l’enfant cuisait dans la polenta, traduit de l’allemand par Marion Graf en 2004 pour les Editions des Péninsules, à l’époque où Eric Naulleau faisait autre chose que se trémousser chez Ruquier. Aglaja Veteranyi s’est donnée la mort en 2002 à Zurich.

C’est un de ces dessins inspirés par le cirque que j’ai choisi aujourd’hui pour vous faire connaître l’artiste peintre Ana Ruxandra Ilfoveanu. Tout une série de dessins est visible sur la galerie Liternet.

Une belle façon de rendre hommage à une étoile filante de la littérature.

Et puis j’aime toujours les artistes mêlant l’écrit au dessin.

Ana Ruxandra Ilfoveanu a exposé en 1994 à Argentan, puis en 1998 dans diverses galeries du centre de la France… Je rêve d’une nouvelle exposition en France… Et pourquoi pas d’un événement comme celui dont ont profité les bucarestois il y a quelques temps : Sorin Ilfoveanu, son épouse Ana Ruxandra et leurs deux garçons, artistes eux aussi (mais je ne connais pas ce qu’il font) ont exposé tous ensemble. Le nom de l’expo? La Saga Ilfoveanu!

 

La grenade d’Inga Abele

Je suis horriblement en retard dans la diffusion du compte rendu de notre Café Bouquins du 20 mars dernier!

Et pourtant, ce fut une séance d’anthologie! Inga Abele peut se réjouir d’avoir éveillé tant de passions contraires dans un modeste club chartrain! Le sang de la grenade a coulé, les vents lettons nous ont soulevé. Les fleuves de nos pays ont failli nous emporter.inga-abele.JPG

Ceci dit, je ne fais là que vous mettre l’eau à la bouche… Mais il faudra patienter encore un peu avant que j’ai le temps de cogiter un billet qui rende compte fidèlement (heu, non, avec la plus totale subjectivité) de notre dernier Café Bouquins….

L’expérience lettone a été si forte que je rempile avec un volume de nouvelles (encore, j’adore cet exercice littéraire!) de Janis Ezerins, intitulé L’âne rose et toujours publié par l’Archange Minotaure. Et puis je fais des fiches de lectures d’ouvrages roumains. Et puis je suis rentrée du Festival de Laval avec des envies de lecture. Et puis le salon du livre est passé mais la pile de livres à lire a augmenté…

Comme ce blog de traduction est aussi (avant tout?) un blog de lecture, voici quelques titres de ma moisson mars 2010:

Le clavier canibale, de Claro, chez Inculte (j’en avais envie depuis un moment: livre écrit par un traducteur, sur les traducteurs, comme le formidable Revanche du traducteur de Brice Mattieussent chez P.O.L lu l’an dernier)

L’Homme barbelé, de Béatrice Fontanel (Grasset et Livre de poche)

Bashô: le fou de poésie, l’histoire de ce poète japonais, racontée par Françoise Kerisel et sublimement illustrée par Frédéric Clément que j’ai eu le plaisir de re-revoir au Salon pour un instant clément hors du temps.

Les Guerriers fauves de Viviane Moore , le deuxième tome de la sage de Tancrède le Normand

Chez Borgès, de Arberto Manguel traduit par Christine Le Boeuf pour compléter ma collection Manguel et m’offrir un peu de l’intimité de Borgès lecteur…

Tombe, tombe au fond de l’eau par Mia Couto, conseillé par Béatrice Fontanel qui me fait découvrir non seulement l’auteur mozambicain mais la maison d’édition Chandeigne. Où j’ai aussi acheté un Zacharias Topelius, auteur finlandais de langue suédoise, prolifique auteur et fondateur du roman historique finlandais. Je me suis laissée tenter par un livre illustré par Philippe Dumas et traduit par Philippe Couty, intitulé Refanut, le navire fantastique.