En attendant Madox

 « Cher Madoxxx,

J’ai écrit ton nom sur le miroir au-dessus du billard avec mon rouge, et j’ai tracé un gros coeur et aussi, j’ai rajouté trois x à ton nom, même si tu ne mérites pas vraiment cet hommage de ta petite Clara.

Tu m’avais promis qu’on partirait avec le train vers le sud et voilà ce vieux moustachu de Ndjiami qui arrive chez Bruno avec ses histoires de train qui part vers le nord et je ne sais trop quel tonneau où est mort ton frérot??? Madox, tu n’es pas sérieux.
Tu t’es bien moqué de nous pendant ces trois nuits. Mais je t’aime bien quand même, tu sais, parce que, du coup j’ai rangé tout bien toutes mes affaires, mon imper orange à pois verts, mon boa en plumes blanches, ma valisette  en peluche rouge  et surtout, je les ai revus, ces trois charmants poivrots qui se donnent rendez-vous au phare, tu sais, chez César.

clara

Mais je ne sais plus pourquoi je te parle de tout ça…

Ah oui! c’était génial. Tu sais, César avec son air de gars des capitales, eh  ben on l’aurait dit ressucité: d’avoir un client pour son taxi, ça lui a fouetté le sang! Sans parler de Bruno. Il a pas arrêté de payer des coups depuis ce matin, tellement il est content d’avoir un pensionnaire… Et Grubi c’était un vrai chien fou! Bref, moi, j’ai bien aimé les voir tout frétillants comme ça, tout ravigotés dans leur petite vie sans projets. Et moi aussi, j’ai bien cru que j’avais un grand projet de voyage!

Tu nous as bien eus, mais on a bien rigolé en attendant. En t’attendant. Heu, bref, en nous attendant nous mêmes, non Je sais plus. J’ai bu trop de whisky et les applaudissements de tous ces gens m’ont tourné la tête. Tu vois, j’ai tellement la tête à l’envers que j’ose t’écrire.

Clara »

 

J’ai eu envie d’écrire ce petit texte fantaisiste en me mettant la peau du personnage de Clara, jouée par Petronela Buda, de la compagnie du théâtre de Fani Tardini de Galati et en tâchant de raconter ce qui se passe sur scène. J’ai vu la pièce dans la salle studio, à la mi octobre. J’ai trouvé de nombreux ingrédients des pièces ultérieures de Matei Visniec (c’est un de ses textes les plus anciens, m’a-t-il dit quand je lui ai raconté ce qui m’était passé par la tête en rentrant du spectacle…).

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