Traduction à l’Esperluette – Cartarescu et Strindberg

Une tonitruante rencontre aura lieu mercredi soir à 19 heures à l’Esperluette, la jolie librairie du centre de Chartres!esperluette.JPG

 

Deux écrivains, deux Europe, deux époques, deux traductrices portant leurs textes : c’est à cette rencontre que nous convie Olivier L’Hostis le libraire. (cliquez sur le lien pour entendre un entretien video sur le site de l’Echo Républicain -c’est très intéressant car on voit un vrai libraire à l’oeuvre).

Voici l’invitation envoyée aux lecteurs par ses soins :

« L’Esperluette vous invite à une rencontre découverte, en compagnie de Elena Balzamo et de Laure Hinckel, des littératures méconnues des pays de l’est de l’Europe et de Scandinavie.

Traductrices, elles évoqueront également leur métier, et le rôle qu’elles ont dans la diffusion de textes de ces pays. Très au-delà de la simple traduction (si tant est que ce soit simple), elles écrivent, lisent, découvrent et défendent des auteurs auprès d’éditeurs français. Et auprès de vous, afin que vous ayez le plaisir de lire des auteurs de grande littérature pas toujours très médiatisée, classique et contemporaine.

Elles vous donneront d’autres envies de lire mercredi 3 février, à 19h à la librairie. »

 

La rencontre permettra de connaître mieux deux ouvrages parus très récemment:

 

Le premier tome de la monumentale correspondance de Strindberg – voir sur le site des éditions Zulma la présentation du personnage et de l’oeuvre. Ce travail a été fait par Elena Balzamo, traductrice chartraine d’adoption – je crois qu’elle nous dira mercredi soir qu’elle y a passé plusieurs années et que son travail de recherche sur la correspondance est inédit dans le propre pays du dramaturge, romancier et nouvelliste suédois. C’est dire l’importance de son travail.

 

Le roman de Mircea Cartarescu, L’Aile tatouée, aux éditions Denoël. Vous savez, vous qui lisez ce blog régulièrement, que cette écriture aux riches reflets m’a portée pendant plus d’une année.

Voici un extrait de la critique parue dans Les Inrockuptibles (n°726) : « Taillé dans le même marbre que les récits de Joyce et Pynchon, L’Aile tatouée a cet éclat des romans à facettes. D’où l’étrange et grisante sensation pour le lecteur de voguer d’une perception à l’autre, dans la multitude des champs visuels que déploie le roman. »

Et  le début de l’article de Bernard Fauconnier dans Le Magazine littéraire : « L’ Aile tatouée clôt la trilogie d’Orbitór, commencée par Mircea Cartarescu il y a quinze ans avec L’Aile gauche. Ce troisième volume, éblouissant, hisse l’auteur roumain au zénith de la littérature européenne. Le corps d’un papillon est un univers à lui seul, comme ce roman initiatique, symbolique, réaliste, spéculaire, philosophique, poétique, et bien d’autres choses encore, écrit, et magnifiquement traduit, dans une prose savante, populaire, lyrique, comique, triviale – mélange de styles, de tons, de niveaux de langue qui réserve de longs moments de délectation. »

 

A mercredi!

De la Norvège à la censure : voyage du jour

On est en Norvège…
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Une vitrine complète dédiée à la traduction des livres de Mircea Cartarescu…

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Une vue de chez norli, (les photos sont de Steinar Lone), un libraire dont vous découvrirez le site en cliquant sur son nom …

C’est la nouvelle du jour: le succès, déjà, du tome 2 de la trilogie de l’écrivain roumain dans la traduction de Steinar Lone, mon confrère norvégien. Je suis heureuse pour les deux, l’auteur et le traducteur.

J’ai visité le site de la librairie pour le plaisir de « les mer »  avoir l’impression d’en connaitre un chapitre, de cette langue nordique (l’allemand, ça aide!); pour m’amuser à dire le nom de mon métier : « oversetter »; pour découvrir des catégories de romans qui n’existent pas en France (je vous laisse y aller seul, on verra si j’ai des retours); pour comparer les différentes couvertures de livres, un petit jeu que j’aime bien; et même pour me poser d’insondables problèmes en découvrant pour certains ouvrages une pagination incroyablement différente d’une langue à l’autre …

… et c’est en faisant cette promenade virtuelle que j’ai découvert que Steinar a aussi traduit (entre autres nombreux ouvrages) Le Con d’IrèneIrenes fitte en norvégien…

Le roman érotique de Louis Aragon, parut sous le manteau en 1928 signé Albert de Routisie pour dérouter la censure… Régine Deforges le republia en 1968 sous un titre passe-partout – ce qui n’empêcha pas la saisie de l’ouvrage…

Je suis hors-sujet???

Pas tant que ça, finalement …

… car je tombe ce soir sur un cas de caviardage  – quand je vous aurai dit de quoi, vous verrez qu’il fut question de censure – ou d’autocensure.  Le texte sur lequel je travaille  présente un duo de « calmi peripateticieni »  autrement dit, vous l’aurez compris, de « calmes pérépatéticiens »… Mes promeneurs aristotéliciens jouent les hommes invisibles dans la version française de 1968… Je leur redonne droit de cité.

Bibliomane, bibliotaphe, bibliognoste : lequel êtes-vous?

Partie sur les traces, hier, de Till Eulenspiegel , autrement dit Til l’Espiègle, je suis tombée sur une édition belge de 1835 dont l’avant -propos, signé par un bibliophile passionné, contient quelques définitions de mots suffisamment rares pour que j’aie envie de les partager ici.

Cette édition n’est, pourtant, pas du tout la meilleure pour savourer les facéties du personnage.

Il faut lui préférer celle de Pierre Jannet, « première traduction complète faite sur l’original allemand de 1519 », car elle est bien plus complète et surtout, bien meilleure.till.JPG

Pour l’instant, ce que je livre à votre sagacité, vous mes lecteurs qui êtes, je le sais, amoureux des livres, ce sont ces quelques lignes :

« On moque le bibliophile et ses soi-disants confrères, le bibliomane, le bibliotaphe et le bibliognoste. Le premier est évidemment plus éclairé et plus utile à la littérature, parce que, ne s’attachant qu’aux bons ouvrages, il rend nécessairement les auteurs plus circonspects, plus difficiles et plus soigneux dans leurs productions.

La bibliomanie est la fureur de posséder des livres, non pas tant pour s’instruire que pour les avoir et pour en repaître sa vue.

 

Le bibliotaphe, mot tiré du grec, comme le précédent, signifie enterreur de livres. Le terme s’applique à ceux qui n’achètent des livres que pour les enfouir et empêcher les autres d’en profiter. Ils sont aux livres ce que les avares sont à l’argent.

 

Bibliognoste : l’on doit ce mot à l’abbé Rive. Le bibliognoste est celui qui ne connaît guère que l’histoire des livres, leurs titres, la date de leurs différentes éditions, le lieu où elles ont été faites, le nom des éditeurs, des imprimeurs etc., enfin, ce qui tient particulièrement au matériel des livres. »

Alors, vous êtes quoi?

Les beaux Avatars d’Orbitor

De belles choses se passent, parfois… J’ai reçu aujourdh’ui un mail de Steinar Lone – le traducteur norvégien de la trilogie de Mircea Cărtărescu, Orbitor. Heureux de voir dans son pays le tome 2  sortir en librairie, il m’envoie la couverture du livre. Et un cadeau, celui que Mircea Cărtărescu lui-même accorde à ses traducteurs de par le monde en les remerciant publiquement, nominalement, dans un grand entretien accordé à la revue Romania Literară. Belle journée, je vous dis.
steinar.JPG Je viens de vérifier, kroppen signifie, en norvégien, comme de juste, « Le Corps ».

Je rappelle à cette occasion que le premier volume (en roumain Orbitor – L’Aile gauche) s’intitule en français Orbitor, dans une traduction d’Alain Paruit (Denoël).
Le second volume (Orbitor – Le Corps) a pour titre L’Oeil en feu également traduit par Alain Paruit.
Le troisième tome (Orbitor -L’Aile droite) est comme vous le savez en français dans ma traduction L’Aile tatouée.

En 2008, Inger Johansson la Suédoise a été la première à mettre le point final à la traduction du troisième tome…orbitor inger
Ce qui est tout de même très sympathique est que nous avons eu tous trois l’occasion de nous rencontrer, en 2008, lorsque j’ai organisé pour l’Institut culturel et l’association des traducteurs de littérature roumaine (ATLR) notre grande rencontre parisienne…

Steinar est écrivain, journaliste et traducteur d’italien, de roumain et de français (Camil Petrescu, Umberto Eco, Catherine Breillat…). Il est aussi bon gastronome. Il a mis en ligne un très sympathique vocabulaire gastronomique anglais-français… norvégien!

Le consulter, c’est parler. S’y attarder, c’est prendre son billet d’avion pour la Norvège!

Bon courage Steinar pour la suite du travail!